Le témoignage de Laurent

Laurent a 53 ans et est actuellement sans emploi. Il a appris au mois de juin 2018 qu’il était atteint d’un cancer du poumon au stade 4. Après plusieurs cures d’immunothérapie et de chimiothérapie, il est aujourd’hui quasiment en rémission complète. Si le combat est forcément compliqué sur tous les plans, il veut témoigner pour montrer qu’il faut toujours garder espoir.

 

Le diagnostic de Laurent

Le diagnostic a été posé en juin 2018. Courant mai, les premiers signes avaient été une fatigue très importante et un ganglion qui avait gonflé. Mon médecin généraliste m’a orienté vers un scanner qui a montré que j’avais une petite tumeur au niveau du poumon droit. Et ensuite, j’ai été directement envoyé à l’hôpital, en pneumologie et oncologie, pour être traité. Ils ont fait plusieurs examens pendant trois jours. Quinze jours après, ils m’ont déterminé de façon très clair le cancer que j’avais.

La relation avec la famille et les amis

Mes proches m’ont accompagné de façon très importante. M’ayant vu évoluer de façon plutôt positive dans la maladie, ils se sont dit que malgré ce que l’on entend sur le cancer, il faut y croire. Comme j’ai eu quelques malaises vagaux, il est clair que là, mon épouse, elle est en alerte. Elle fait attention. Comme on a un jardin, elle essaie d’en faire un maximum pour éviter que moi, physiquement, je m’use un peu trop rapidement. On vient vous envelopper en fait, on vous met dans un cocon.

L’hygiène de vie

Niveau hygiène de vie, je n’ai pas eu de contrainte ou d’obligation imposées par le milieu médical. Au contraire, comme j’avais des problèmes au niveau osseux, il fallait que je mange pas mal de viande, de fromage, pour essayer de renforcer. Donc comme j’aime bien ça, ça ne m’a pas trop dérangé.

Ça faisait un certain temps que j’avais arrêté de fumer, j’étais passé à la cigarette électronique depuis un an et demi. Donc là j’ai complètement arrêté, j’ai même arrêté de vapoter.

Je ne fais pas de sport mais je sens qu’il faudrait que je m’y mette car je suis vite essoufflé.

La gestion de la maladie

Après l’annonce du diagnostic, j’ai mis trois mois environ pour accepter. Un des premiers sentiments, c’est l’injustice : « pourquoi moi ? ». Ensuite j’ai ressenti le besoin, effectivement, de devoir exprimer ça auprès d’une psychologue. Ça m’a, je pense, quand même, bien aidé à accepter les choses. De toute façon, on ne vivra plus les choses comme avant. J’étais compatible à 90% avec un traitement en immunothérapie, qu’ils ont mis en place très rapidement. J’ai des coups de fatigue dans la semaine qui suit, c’est le plus gros effet indésirable. Après des analyses, on a constaté que ma tumeur avait diminué de moitié. Donc tout le monde était assez étonné. Même si ça me fatiguait et que ce n’est pas très réjouissant, j’étais hyper encouragé à continuer le traitement.

Mais ensuite, on m’a découvert de nouvelles métastases au niveau des vertèbres et au niveau du cerveau. L’immunothérapie ne couvrait donc pas l’intégralité de ma maladie. Mon oncologue a donc décidé de passer en chimiothérapie. Là encore, très rapidement, les analyses ont montré des résultats encourageants. J’ai continué quelques mois les chimiothérapies et depuis je suis en chimiothérapie d’entretien.

Il semblerait que pour l’instant je sois en rémission complète. C’est vraiment quand on a une maladie comme ça, qu’on réalise ce qu’est être en bonne santé.

La situation financière et professionnelle

Il se trouve que ma maladie s’est déclarée après un licenciement. J’ai signé un CSP (Contrat de sécurisation professionnelle) en ayant le projet de monter mon entreprise. Ma maladie ne m’a pas tant handicapé que cela. Hormis cette injection que j’avais à faire, j’étais à disposition pour Pôle emploi ou pour faire des démarches. Donc financièrement je n’ai pas été très impacté au départ. Le CSP ne durant qu’un an, maintenant je suis au chômage. Donc actuellement j’ai 56% du salaire que j’avais avant. Là, ça commence à devenir compliqué.

L’engagement

Si je témoigne aujourd’hui, c’est parce que je pense qu’il faut en parler. Lorsque le diagnostic a été posé, je me suis senti seul. J’aurais bien aimé avoir pas mal d’échanges avec des gens ayant eu le même diagnostic que moi. Pour savoir comment ils ont réagi, comment ça s’est passé, parce qu’on va vraiment vers l’inconnu. Que ce soit pour moi ou pour mes proches d’ailleurs. Là, j’ai adhéré à une association qui est spécifique au cancer du poumon. J’ai envie de participer et faire connaître cette maladie. J’ai envie de dire qu’on passe par des moments compliqués mais qu’il peut y avoir, en l’occurrence pour moi, des réponses positives. Donc dire que ça existe aussi, que ce n’est pas que du négatif.

Je suis prêt à monter une antenne près de là où j’habite pour que les gens atteints de cette maladie, et leurs proches, puissent s’exprimer.

Les projets professionnels

J’ai créé mon entreprise il y a très peu de temps dans le domaine du drone. Je compte développer mon activité dès que possible.

La sophrologie et la méditation

La sophrologie et la méditation m’ont surtout amené à concentrer mes pensées sur un point très précis. Notamment, ce qui marche très bien chez moi, c’est sur ma respiration. Et donc du coup, je peux occulter tout le reste. Le gros avantage dans ces moments-là, c’est qu’on oublie sa maladie. En prenant des grandes inspirations, des grandes expirations, j’arrive presque à faire diminuer la douleur.

Du coup, vous avez un outil, que vous avez là, à disposition. Vous fermez les yeux, vous penchez la tête et vous vous concentrez sur votre rythme respiratoire. Eh bien du coup, on arrive à atténuer ça. L’objectif c’est que ça devienne un réflexe. Donc il faut pratiquer régulièrement.

Un message, un conseil ?

Si effectivement j’avais un conseil à donner, c’est échanger le maximum avec son médecin oncologue qui vous suit. Ne pas s’empêcher de lui exprimer son point de vue, quel qu’il soit et quel que soit le domaine : sentimental, vie familiale, vie professionnelle, etc. Il faut qu’il soit au courant. Et l’autre chose, c’est de se dire que malgré tout, malgré ce qu’on a comme maladie, effectivement aujourd’hui quand même, il y a des progrès énormes qui ont été faits et chacun va réagir de façon différente.

On peut passer de résultats négatifs à des résultats positifs. Il ne faut pas se décourager en fait. La difficulté va être de savoir ce que vous êtes capable d’accepter dans votre traitement. Il faut en faire part à votre entourage pour que les choses soient bien posées. Tout en les préservant. Donc il faut trouver le bon compromis.