J’ai commencé comme mécanicien automobile jusqu’à ce que je rejoigne mon épouse au magasin : on y vendait des piles et de l’éclairage en gros. J’ai toujours eu la fibre commerciale. Jusqu’au moment où j’ai eu mon premier infarctus, j’avais alors 42 ans. Je me donnais tellement, j’ai vendu l’entreprise. Après ça, j’ai été animateur là où on avait besoin de moi. Au supermarché, j’étais chargé de vendre des bières, j’ai aussi vendu des pastèques et des cornichons. Je suis capable de vendre à peu près tout, même des machines à laver !
Après la fin des traitements, j’ai rapidement souhaité retravailler : ça nous donne de la dignité de se lever pour faire quelque chose, autre que de s’occuper de nous. J’ai alors été vendeur dans un magasin de bricolage pendant 6 mois mais j’ai arrêté rapidement car les conditions n’étaient pas bonnes. J’ai malgré tout souhaité faire un nouvel essai dans un autre magasin mais cette fois-ci, c’est le médecin du travail qui m’a ordonné d’arrêter de travailler. Savez-vous ce qu’il a écrit au dos de ma feuille de soin ? « Arrêt urgent, danger », le tout en grosses lettres.
Une fois les soins terminés, on a complètement été délaissés par les aides sociales. On a vécu ce manque de soutien de manière assez brutale. On s’est tourné vers la Ligue contre le cancer afin de s’entretenir avec un psychologue qui m’a dit que j’avais « de la lumière dans les yeux » : je n’avais alors, selon lui, nullement besoin d’aide.
Concrètement, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie a supprimé mes indemnités journalières. On n’avait alors plus de sécurité sociale, il fallait pourtant bien que l’on touche quelque chose. On s’est tournés vers une assistante sociale de la Mairie : c’est elle qui a mis en place un revenu de pension d’invalidité.
Il y a quelques mois, j’ai acheté une petite maison dans laquelle j’ai fait construire plusieurs appartements. Je les ai mis à la location et les revenus nous permettent de partir en vacances.