Le témoignage de Camille

A l’été 2016, alors qu’elle a 26 ans, Camille apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du poumon métastatique. Une fois le choc du diagnostic encaissé, la jeune chirurgien-dentiste décide très rapidement de se battre et de croire dans les progrès de la médecine. Grâce à un traitement, les métastases ont disparu et sa vie a repris un cours normal. Aujourd’hui jeune maman de 31 ans, pétillante et positive, Camille savoure d’autant plus les bonheurs de la vie.

 

LE DIAGNOSTIC DE CAMILLE

Au départ, j’ai ressenti des douleurs au cou et au dos qui ont traîné pendant 6 mois environ. J’ai mis cela sur le compte du stress car je passais beaucoup d’examens à ce moment-là. Je n’ai pas trop écouté mon corps finalement. Mais les douleurs étaient là donc j’ai vu des médecins, des rhumatologues. Mais personne n’arrivait à poser un diagnostic. Ils ont même pensé à un torticolis et j’ai mis une minerve pendant l’été, qui s’est avérée inutile.

C’est finalement en faisant une biopsie dans le bas du dos qu’on s’est rendu compte que c’était une métastase… Et en fait j’étais couverte de métastases : au foie, aux poumons, aux os. Mes douleurs au dos provenaient des métastases qui avaient rongé mes vertèbres et qui entraînaient des tassements vertébraux au niveau de mes cervicales et de mes lombaires.

L’annonce des résultats est arrivée quinze jours plus tard, sur internet, et je les ai découverts toute seule. J’ai vu l’impensable s’inscrire sur l’écran. Je n’y croyais pas : j’ai relu plusieurs fois mon nom, mon prénom et mon âge… Et j’ai vu cette petite ligne : « métastase osseuse d’un adénocarcinome probablement d’origine pulmonaire ». A ce moment-là, c’est vraiment le choc. J’étais au bureau avec un de mes co-internes et il m’a serrée dans ses bras. Cela a été très dur d’apprendre ça à 26 ans.

La famille, les proches

Après avoir découvert le résultat, j’ai directement appelé mon mari. Il m’a rejoint et je lui ai fait l’annonce.

Concernant mes parents, au départ, j’ai hésité : je me suis demandée si je devais me battre toute seule ou leur en parler. Mais en fait c’est tellement énorme que je devais évidemment les tenir au courant. Il ne fallait pas tourner autour du pot, donc j’ai appelé ma mère, je lui ai dit : « écoute maman, ne pleure pas, je sais ce que c’est, c’est un cancer ». Là j’ai entendu un blanc au téléphone et après elle m’a dit : « écoute ma chérie, je t’aime, on sera là, on est là ». Ils allaient partir en week-end avec des ami(e)s et je sais aujourd’hui qu’ils ne leur ont pas dit à ce moment-là. J’imagine que cela a dû être très dur pour eux.

Tous ceux qui m’ont entourée ont été supers.

L’hygiène de vie

Je ne fumais pas et je ne buvais pas. A 26 ans, je me suis dit que ce n’était pas normal d’avoir cette maladie. Pour moi, c’était inenvisageable que je ne me batte pas contre ce cancer.

La gestion de la maladie

C’est bizarre mais peu après l’annonce du diagnostic, les symptômes se sont décuplés. J’assimile un peu cela au déni de grossesse car c’est comme si tout apparaissait d’un coup. Les douleurs se sont amplifiées et je ne pouvais plus bouger. C’est là que j’ai réalisé qu’il y avait une grosse part de psychologique ! Je me suis dit qu’il fallait absolument que je garde mon moral pour vaincre ce cancer.

Côté traitement, je n’ai pas eu de chimiothérapie mais j’ai fait de la radiothérapie au début. Cela fait 4 ans et demi que j’ai juste des comprimés. Très vite, je n’avais plus aucune métastase. J’ai juste eu une récidive à la tête en janvier 2020. Et là actuellement je n’ai plus rien, donc j’espère que ça va durer, on croise les doigts !

L’engagement

Avoir un cancer du poumon métastatique à 26 ans, c’est vraiment l’impensable. Aucun de mes ami(e)s n’avait ça. Donc il fallait que je voie que je n’étais pas la seule. Grâce à Instagram, j’ai vraiment trouvé une communauté super de filles qui se battaient contre des cancers. Et je me suis dit : « cool, je ne suis pas la seule face à cette injustice ».

J’en parle facilement parce que je veux montrer que la vie peut être belle quand même, même si on est malade, même si on a l’impensable : le cancer du poumon à cet âge-là, qui est métastatique, donc un traitement qui est probablement à vie. Les réseaux sociaux m’ont fait du bien et j’ai rencontré des gens supers. J’ai aussi évoqué mon projet de GPA avec mon mari et j’ai reçu tellement de soutien que j’ai été ravie de le partager.

En revanche, le revers de la médaille avec les réseaux sociaux, c’est que les gens ne sont pas tous optimistes. On fait tous comme on peut, avec la force dont on dispose et malheureusement pour certains cela se passe moins bien… J’ai donc appris à me protéger un peu et ne pas forcément m’abonner à toutes les personnes qui ont un cancer. Lorsque tu évoques ta maladie, beaucoup de personnes vont venir raconter leur histoire et leur traitement. Or chaque situation est unique : chaque cancer est différent et chaque traitement est différent. C’est peut-être un peu égoïste mais j’essaie déjà de m’en sortir et de me préserver dans les moments où cela va moins bien, notamment pendant les examens.

Les projets professionnels

J’ai pour projet de continuer à travailler tout en me ménageant. Par ailleurs j’ai commencé à écrire un livre et là je me suis arrêtée à la partie sur la GPA. Avec mon mari, on s’est lancé dans un processus de GPA avec une mère porteuse en Grèce. Et aujourd’hui on a la chance d’avoir un adorable petit Gaspard ! Cela a pu être possible grâce à mes ovocytes et aux spermatozoïdes de mon mari. Donc en plus c’est vraiment notre enfant génétiquement. C’est notre petite revanche face à la maladie. C’est un bébé qui pète le feu, qui est une bouffée d’oxygène pour tout le monde. Même si c’est une naissance atypique, c’est la plus belle chose qui me soit arrivée au monde. Il nous apporte un bonheur démesuré et c’est génial !

Les activités

J’ai toujours fait du tennis donc j’ai continué à en faire. Sinon, avec mon mari et les ami(e)s, on adore les voyages. Avec le confinement c’est forcément un peu compliqué en ce moment mais sinon on continue ! Finalement je n’ai pas beaucoup changé. Mais tout ce que je ressens est multiplié.

Un message ?

Je ne sais plus qui disait que le cancer est un accélérateur de vie mais je pense que c’est vrai. Tous les sentiments sont multipliés en fait. Il faut vraiment profiter de la vie pleinement. On est tous d’accord pour le dire mais c’est vrai !

Par ailleurs, je crois qu’il faut croire en la médecine. Les traitements sont beaucoup plus confortables aujourd’hui. Enfin, une chose essentielle : il faut vraiment s’entourer de personnes positives et des meilleurs ! D’ailleurs cela ne sert à rien d’attendre d’avoir un cancer pour s’entourer de personnes bienveillantes et de gens positifs. C’est très important. « On n’est pas venu là pour souffrir ! »

Aujourd’hui j’ai la forme, je travaille, donc il faut y croire ! Et je suis une maman heureuse. Avec mon mari, en se lançant dans le projet de GPA, au lieu de penser cancer, on a pensé bébé et ça c’est juste du bonheur.